Dans la lignée du Manifeste pour l’industrie qui se transforme et s’engage pour l’environnement, la métropole et ses partenaires industriels misent sur la conversion des motorisations au biogaz pour atteindre les objectifs de la zone à faible émission (ZFE).
Mercredi 20 avril, une délégation de la métropole de Lyon s’est rendue à Dardilly, sur le site du CRMT (Centre de recherche en machines thermiques), qui présentait les premiers véhicules poids lourds rétrofités au BioGNV en France : un bus et un tracteur.
Le rétrofit consiste à convertir un véhicule diesel ou essence en une motorisation au gaz naturel pour véhicule (GNV).
Bruno Bernard, le président de la métropole de Lyon, était présent pour vanter les mérites de cette technologie. Il a insisté sur le fait qu’elle n’a de sens que « si on est avec du BioGNV et non avec du gaz fossile, car l’intérêt tombe en termes d’émission ». « Si c’est pour prendre du gaz de Poutine, c’est une catastrophe. Et en termes économiques, avec le non-contrôle du prix du gaz, ça serait aussi un mauvais choix », a-t-il ajouté.
Une aubaine pour la mise en œuvre de la ZFE
« Le rétrofit, c’est une solution qui est mature aujourd’hui comme alternative au diesel. La combustion du gaz vert permet de réduire les émissions de polluants : elle est donc compatible avec la circulation dans les zones de faible émission, comme la métropole de Lyon. Et au passage, elle permet de diviser par dix les émissions de CO2, qui sont si destructrices pour le climat », a indiqué Guilhem Armanet, le directeur régional de GRDF, qui avait fait le déplacement.
Cette technologie est une véritable aubaine pour Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président de la métropole de Lyon en charge des déplacements, des intermodalités et de la logistique urbaine, qui s’occupe de la mise en œuvre de la zone à faibles émissions (ZFE) dans la métropole de Lyon, dans un périmètre qui comprend l’ensemble de la ville de Lyon, de Caluire-et-Cuire et des secteurs situés à l’intérieur du boulevard périphérique de Villeurbanne, Bron et Vénissieux.
M. Kohlhaas a rappelé que la ZFE vise à « essayer de diminuer l’entrée des véhicules polluants dans la zone urbaine pour améliorer la qualité de vie », mais que « ça ne veut pas dire ne plus desservir la ville, que ce soit en matière de logistique ou en matière de transports de personnes ».
« Depuis le départ, on travaille avec l’ensemble des acteurs économiques et la filière logistique en particulier, mais aussi avec les transporteurs de passagers, sur comment est-ce qu’on améliore les véhicules, comment on les rend plus propres. Il y a plein de pistes, celles qui sont encore à l’échelle de rêve, celles qui sont pour dans dix ou quinze ans, comme l’hydrogène, et puis il y a celles qui existent déjà, notamment le gaz et l’électrique, qui s’améliorent d’année en année . À la Métropole et au SYTRAL, nous avons cru au gaz naturel des véhicules», a continué le Vice-président de la Métropole.
La filière de conversion BioGNV dans la métropole de Lyon
En partenariat avec GRDF, la métropole de Lyon est en train de mettre en place une filière de conversion BioGNV. « À ce jour, trois sites injectent déjà dans la maille d’exploitation du bassin lyonnais l’équivalent de la consommation de près de 400 véhicules lourds. Huit sites sont en étude avancée ou en construction, dont le projet structurant de méthanisation des boues de la station d’épuration de Pierre-Bénite », indiquait la métropole dans un communiqué en date du 20 avril.
À Dardilly, Bruno Bernard a rappelé que le projet de méthaniseur « d’une puissance de 48 GW par an, doit permettre de faire rouler toute l’année 200 bus du SYTRAL ».
Jean-Charles Kohlhaas a évoqué les « cinq stations publiques sur la métropole » qui permettent aux « cars » ou aux « véhicules d’entreprises » de « se recharger ». « Il y a plein de projets en cours (…) Il y a notamment, pas bien loin d’ici, un espace foncier, une ancienne station essence disponible le long de la N6, que l’on pourrait équiper en GNV », a-t-il ajouté.
La métropole souhaite rendre sa flotte de véhicules moins polluante. En plus de l’achat de véhicules électriques ou GLV, le rétrofit est une bonne alternative, qui permet « de réduire les coûts d’acquisition d’un véhicule à énergie alternative » et de « réutiliser des véhicules à fond jusqu’au bout de leur vie », s’est félicité Bruno Bernard.
Le cas d’école du transport scolaire
Cela concerne également l’entreprise de transport Berthelet, qui exploite des lignes pour le compte du SYTRAL. Elle peut potentiellement rétrofiter 250 cars, des véhicules Euro 5 qui « avaient encore une durée de vie, mais cette durée de vie n’était plus tenable par rapport aux enjeux que nous avons d’accompagner les politiques de transition énergétique », a expliqué Aurélien Berthelet, son directeur général.
« On s’est dit : comment on fait pour pouvoir donner une nouvelle vie à ces véhicules ? La réponse, ça a été de pouvoir travailler sur ce projet rétrofit sur un cas d’usage bien précis, qui est celui du ramassage scolaire. Un véhicule comme ça fait à peu près 20 000 km par an : il est très peu utilisé (…) C’est un véhicule qui a treize ans, mais c’est un véhicule qui est en très bon état, parce qu’il a été maintenu très régulièrement », a ajouté M. Berthelet, qui aurait trouvé dommage que « ce véhicule finisse dans un garage ».
« La difficulté a été de trouver des réservoirs de la bonne forme pour pouvoir augmenter au maximum l’autonomie et bien remplir les compartiments de soute à bagages, on sait que dans le cadre du transport scolaire elles ne sont pas utilisées, donc on devait chercher à maximiser l’autonomie dans l’espace disponible », a détaillé Edoardo Bassano, le directeur du CRMT.
La métropole espère rétrofiter le plus de véhicules possible
Vingt véhicules par an peuvent être rétrofités sur le site de Dardilly, mais d’autres lieux de transformation vont être créés, et Edoardo Bassano entend « doubler les effectifs d’ici à trois ans ».
Le CRMT est spécialisé dans la transformation de véhicules poids lourds et de machines spéciales. Outre les cars de transport scolaire et les tracteurs, la métropole de Lyon entend profiter de son expertise pour transformer d’autres véhicules.
« Nous avons aussi confié au CRMT un véhicule plateau avec une grue qui collecte le verre, pour le rétrofiter et voir si ça peut fonctionner sur l’ensemble ou une partie de nos des véhicules dans les mois et années qui viennent », a déclaré Bruno Bernard.
Le modèle écologique lyonnais
La métropole indiquait, dans son communiqué, que le rétrofit « crée des emplois non délocalisables et s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire avec l’utilisation d’une énergie renouvelable et produite localement ».
« Nous sommes dans une troisième révolution des gaz verts », s’est enthousiasmé Guilhem Armanet, le directeur régional de GRDF.
« À l’horizon 2050, le potentiel de production de gaz vert, en France, permettra de remplacer l’intégralité de la consommation de gaz fossile par du gaz vert, en particulier dans le secteur du transport », a-t-il souligné.
Le rétrofit est un bon exemple de la philosophie mise en place par la métropole de Lyon par l’intermédiaire de son Manifeste pour une industrie qui se transforme et s’engage pour l’environnement. Sur le territoire métropolitain, les acteurs publics et privés travaillent ensemble pour faire face aux enjeux climatiques. Le modèle lyonnais fera sans doute des émules.
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