Alors que la mairie de Paris veut mettre en place une « zone à trafic limité » dans Paris Centre et jusqu’au nord du boulevard Saint-Germain, elle rencontre une forte opposition de la rive gauche, qui pourrait bien redéfinir les limites du projet.
Alors que la mairie de Paris veut mettre en place une « zone à trafic limité » dans Paris Centre et jusqu’au nord du boulevard Saint-Germain, elle rencontre une forte opposition de la rive gauche, qui pourrait bien redéfinir les limites du projet.
Le projet de zone à trafic limité (ZTL) dans le centre de Paris, porté par David Belliard (EELV) adjoint aux mobilités de la maire Anne Hidalgo (PS), va sûrement voir ses contours modifiés. La ZTL est censée couvrir les quatre premiers arrondissements de la capitale, et s’étendre sur la rive gauche jusqu’au boulevard Saint-Germain. Toutefois, les maires des Ve, VIe et VIIe arrondissements, sur lesquels empiète la zone, y sont farouchement opposés. L’ancien préfet de Paris Didier Lallement avait également émis de fortes réserves, mais se disait prêt à l’accepter si la ZTL était circonscrite à Paris Centre, c’est-à-dire aux quatre premiers arrondissements.
Un projet pour une ville « apaisée »
Le projet de la mairie consiste à mettre en place une zone où le trafic de transit est interdit, c’est-à-dire où les véhicules motorisés qui ne s’arrêtent pas dans la zone n’ont pas le droit d’y passer. Tous les autres formes de circulation en voiture y seraient autorisées, que ce soient les riverains, les taxis, les livreurs, les commerçants, et plus généralement toutes les personnes s’arrêtant dans la zone pour n’importe quelle raison. Des contrôles aléatoires seraient effectués à la sortie, nécessitant un justificatif comme un ticket de caisse ou une vignette pour les autorisations permanentes. Ils seraient réalisés par la police municipale en attendant des solutions technologiques sécurisées.
Le but serait, à l’instar de villes comme Rome, Madrid ou Milan, de désengorger le centre de Paris pour diminuer la pollution atmosphérique et sonore, et « rendre les rues plus accueillantes » pour les piétons et les cyclistes. La mairie justifie le projet par le fait que « seuls 30 % des transiteurs ont absolument besoin de leur voiture » : l’objectif est de les faire changer de moyen de transport, ou bien de les rediriger sur d’autres axes de circulation pour ceux qui n’ont pas le choix. La ville réfléchit d’ailleurs à un nouveau plan de circulation dans toute l’agglomération pour compenser.

Plan de la « zone apaisée du projet initial. Source : site internet de la ville de Paris
Un projet controversé
La principale opposition au projet vient des maires d’arrondissement de la rive gauche concernés. Bien qu’ils se déclarent en accord avec les objectifs, ils fustigent un projet « dogmatique », à l’image de Florence Berthout (DVD), maire du Ve : « allons-y méthodiquement, avec pragmatisme, en se méfiant des mesures systémiques ». La maire du VIIe Rachida Dati (LR) dénonce elle « un projet clairement assumé comme idéologique pour faire la guerre à la voiture », tandis que son adjoint à l’urbanisme Jean Laussucq parle d’un « projet tombé du ciel et autoritaire ».
Sur le fond, ils reprochent à la mairie de Paris de déplacer le problème : Jean-Pierre Lecoq, maire du VIe, évoque des « bouchons permanents et de la pollution » aux abords de la ZTL. Ils pointent également du doigt le timing du projet, reporté à début 2024 juste avant les Jeux olympiques de Paris, s’inquiétant des difficultés de circulation qu’il engendrerait face à l’afflux des spectateurs.
Certains commerçants s’opposent aussi à la ZTL. Pour Bruno Sabatier, galeriste dans le VIe arrondissement, « ce serait la mort annoncée de pratiquement toutes les galeries de Saint-Germain des Prés », alors que leur clientèle, souvent étrangère et d’un certain âge, se déplace majoritairement en voiture. Celle-ci aurait toutefois le droit de circuler en voiture dans la zone, puisqu’elle s’y arrêterait.
Face aux critiques, la mairie de Paris a lancé une étude d’impact en février 2022, toujours en cours. Elle a également prévu une consultation citoyenne et des acteurs concernés pour septembre. Le nouveau préfet de Paris Laurent Nuñez, qui doit donner son aval, a déclaré prendre le temps d’étudier le dossier. Les limites de la ZTL devraient donc être fixées à la rentrée, probablement sans la rive gauche. La zone serait certes plus restreinte que dans le projet initial, mais sera bien mise en place.« Ce sera toujours une première étape », confie un adjoint à la mairie de Paris.
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