L’opération #MaVoixCompte2022 portée par le Cercle Vulnérabilités et Société, entend aider les 2 millions de personnes en situation de fragilité mentale à exercer leur droit de vote.
Le Cercle Vulnérabilités et Société, un Think & do tank qui étudie la manière dont les vulnérabilités du champ social et de la santé peuvent devenir un levier de développement économique et social a organisé l’opération #MaVoixCompte2022. Son objectif est de décomplexer les personnes en situation de fragilité mentale face à l’exercice du droit de vote, stimuler leur désir de réfléchir ensemble, d’exprimer des opinions, de débattre dans un cadre démocratique et de les motiver à s’inscrire sur les listes électorales.
Un droit méconnu et sous-utilisé
2 millions de personnes sont concernées, qu’elles soient en situation de handicap, de grand âge ou de maladie. La loi de 2019 permet aux personnes sous tutelle ou curatelle de pouvoir voter, mais ce droit reste largement méconnu et sous-utilisé.
Elisabeth Damiani vit avec des troubles psychiques, mais sa situation s’est améliorée. Depuis, elle sensibilise les personnes en situation de handicap mental aux questions du droit en général et notamment celui du droit de vote.
« On ne les a pas vraiment sensibilisés à la question du vote, ils s’en sont emparés d’eux-mêmes. La plupart sont sous curatelle. Plus sont sous curatelle que sous tutelles. Ils souhaitaient savoir s’ils pouvaient aller voter ou pas, ce qui montre une méconnaissance de leurs droits », indique-t-elle.
Un processus qui a commencé lors du grand débat national de 2019
#MaVoixCompte2022 est un processus qui a commencé lors du grand débat national de 2019 qui avait été organisé à l’initiative d’Emmanuel Macron. Le Cercle Vulnérabilité et Société avait organisé des rencontres-débats entre personnes âgées et/ou handicapées autour de deux thématiques : l’écologie et la citoyenneté.
Lors des élections municipales de 2020, le Think & do tank a organisé des ateliers sur des sujets de politiques locales qui se sont étendus à des sujets de politique générale entre mai 2021 et mars 2022. Au cours de ces derniers ateliers, les participants ont été invités à formuler quinze propositions autour de cinq grands thèmes : citoyenneté, coopération entre les générations, Santé et économie, liberté et sécurité, Écologie et réchauffement climatique.
« Impulser un changement de mode de vie plus respectueux de l’environnement », « encourager l’attrait des métiers de Santé », « lutter contre les déserts médicaux » ou « inscrire le vote comme un devoir citoyen allant jusqu’à le rendre obligatoire », sont quelques-unes de ces propositions.
937 personnes venant de 46 établissements spécialisés ont participé à cette opération.
« Elles expriment des préoccupations qui se révèlent de même nature que celles des autres citoyens »
«Les personnes en situation de fragilité mentale, n’attendent qu’une seule chose, c’est qu’on les stimule, qu’on les encourage qu’on les décomplexe, parce qu’elles n’ont pas renoncé à exercer ce droit de vote. A partir du moment où on les aide, où on les stimule, elles expriment des préoccupations qui se révèlent de même nature que celles des autres citoyens », expliquait le 14 avril dernier, Tanguy Chatel, sociologue et cofondateur du Cercle Vulnérabilité et Société, sur le plateau de franceinfo.
Ne pas aller voter est également un droit souverain
Les Think & do tank rappelle aussi aux personnes en situation de fragilité mentale que « s’abstenir » est également « leur droit le plus souverain ».
Une remarque prise à la lettre par Arnaud, 21 ans, une personne accompagnée par la plateforme René Magritte à saint Ouen, qui a participé à cette étude et qui ne souhaite pas aller voter.
« Je ne suis pas allé voter, car je ne crois pas en la politique. Ce sont tous des menteurs. Les gens qui travaillent dans le médico-social ne sont pas bien payés. Je ne suis pas d’accord avec Macron pour la retraite à 65 ans. Sur le nucléaire, je suis d’accord avec Macron, pour ne pas augmenter les émissions de CO2. J’ai le droit de ne pas allez voter ça s’appelle la démocratie », nous a-t-il indiqué.
Le Cercle Vulnérabilités et Société constate que « loin d’être unanimes, les points de vue exprimés montrent toute une palette de sensibilités se déployant sur l’ensemble de l’échiquier politique, y compris à ses franges les plus extrêmes ».
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